
Le secteur des Datacenters est aujourd’hui une pierre angulaire de l’économie numérique mondiale. Face à la montée en puissance des besoins en stockage et en traitement de données, à la nécessité de réduire l’impact environnemental et à l’impératif de souveraineté numérique, les Datacenters s’inscrivent comme un pilier stratégique des politiques publiques. Mais quelles seront les mesures appliquées dans ce cadre ? Ces initiatives encourageront-elles l’émergence des Edge Datacenters ? Enfin, comment cela influencera-t-il les priorités des DSI et opérateurs ?
Une Politique Axée sur l’Écologie et la Souveraineté Numérique
Des exigences environnementales accrues
Dès 2025, l’Union Européenne imposera des normes environnementales encore plus strictes pour les Datacenters. Les infrastructures devront respecter des indicateurs comme le PUE (Power Usage Effectiveness), avec un objectif moyen visé en dessous de 1,3 pour les nouvelles installations.
À ce jour, les Datacenters des régions FLAP (Francfort, Londres, Amsterdam et Paris), qui concentrent 70 % de la capacité européenne, ont déjà entrepris des efforts massifs pour réduire leur empreinte carbone, notamment via l’intégration de solutions de refroidissement naturel et l’utilisation d’énergies renouvelables.
La priorité à la souveraineté numérique
Les tensions géopolitiques ont conduit les États à renforcer leurs stratégies de souveraineté numérique. La France, via son initiative “Cloud de Confiance”, pousse au développement d’infrastructures locales pour limiter la dépendance aux géants étrangers du cloud (hyperscalers).
Les Datacenters devront être conformes aux exigences réglementaires locales et offrir des garanties sur la protection des données sensibles. En France, les exigences en matière de souveraineté numérique pour les datacenters incluent principalement le respect du RGPD, garantissant la sécurité et la confidentialité des données personnelles, et la certification SecNumCloud, délivrée par l’ANSSI. Cette dernière est obligatoire pour héberger des données sensibles ou stratégiques, notamment pour les administrations publiques et les secteurs critiques. Le gouvernement favorise également l’hébergement des données sur des infrastructures localisées en France dans le cadre de l’initiative “Cloud de Confiance”, afin de limiter la dépendance aux acteurs étrangers et de protéger les données contre les lois extraterritoriales comme le Cloud Act américain.
L’essor des Edge Datacenters : Une Réponse aux Nouveaux Usages
Les Edge Datacenters, ces infrastructures décentralisées situées au plus près des utilisateurs finaux, sont appelés à jouer un rôle central dans la transformation numérique. Selon un rapport de Gartner, 75 % des données mondiales seront traitées en périphérie (Edge) d’ici 2025, contre seulement 10 % en 2018, ce qui reflète une croissance exponentielle. Cette dynamique est largement portée par l’accélération du déploiement de la 5G et l’explosion des objets connectés, qui exigent une latence ultra-faible. En rapprochant le traitement des données des utilisateurs finaux, les Edge Datacenters réduisent les délais et optimisent l’expérience utilisateur, devenant ainsi des compléments indispensables aux Datacenters hyperscales situés dans les grandes zones comme FLAP (Francfort, Londres, Amsterdam, Paris). Contrairement à ces derniers, les Edge Datacenters ne cherchent pas à centraliser les données, mais à fournir des réponses rapides et locales, notamment dans des domaines tels que la santé connectée, les véhicules autonomes et les smart cities.
Cependant, leur déploiement massif reste un défi. Si les gouvernements soutiennent les infrastructures numériques locales pour encourager leur essor, des obstacles subsistent, notamment des coûts élevés pour multiplier ces petites installations et une régulation complexe. En effet, les Edge Datacenters doivent répondre aux mêmes exigences en matière de sécurité et de durabilité que les grandes infrastructures, ce qui peut freiner leur adoption à grande échelle.